m.a.j. le 24/05/2025
Louis XII, devenu roi, fait donc mentir la devise des Sires de Coucy, qui était "Roi ne suis...". Mais il en fait don, en y ajoutant la moitié du comté de Soissons, à sa fille Claude de France, en 1514. comme dot, à l'occasion de son mariage avec François, duc d'Angoulême. Ce dernier devenant roi en 1515, Coucy retourne à la couronne. En 1515, il y trouve le séjour agréable et le vin doux à son palais car il passe quelques jours avant d'aller inspecter les frontières de France du côté des Pays-Bas. Mais c'est à Folembray qu'il se plaira le mieux, puisqu'il en fera reconstruire le château. De même, la Renaissance laissera des traces à Coucy où l'église St Sauveur sera en partie reconstruite en 1543.
François 1er s'éteint le 31 mars à Rambouillet et Henri II lui succède. Afin de financer ses campagnes contre l'Empereur, il crée un certain nombre de tribunaux dans la région, dont un à Coucy en 1552, chargés de régler les affaires du fisc. Cette même année, le comte de Roeux, envoyé par la reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, envahit et ravage le Vermandois. Antoine de Bayencourt, gouverneur de Coucy se charge alors de remettre la place en état de défense. Tour à tour, Noyon, Nesles. Chauny et Folembray sont la proie des flammes ennemies, mais Coucy, jugée trop bien défendue est épargnée.
A son tour, en 1557, Philippe II, fils de Charles-Quint, pénètre en France jusqu'à St Quentin dont il fait le siège et défait le 10 août l'armée française venue secourir la place. Les espagnols occupent successivement Ham, Noyon et Chauny. Coucy sert alors de camp retranché pour les garnisons "de M. de Bouchavanes et du maréchal de Noailles. Les combats cessent le 3 avril 1559 car la paix est signée à Cateau-Cambrésis.
Cependant, si Coucy a été épargné par les Espagnols, il ne le sera pas par les calvinistes. Avec l’avènement de Charles IX en 1560 la guerre civile et religieuse reprend. Du côté protestant, on trouve le prince de Condé et les Coligny, du côté catholique, les Guise sont à la tête de la ligue. Le 27 septembre 1567, les calvinistes du laonnois, dirigé par le Comte de Roucy, allié de Condé, s’emparent de Soissons, pillent les églises et monastères environnants, dont celui de Prémontré, et s'emparent de Coucy, laissé sans défense. Charles de Longueval, huguenot acharné, y fera raser la chapelle du prieuré St Rémi placée dans la basse-cour.
Mais l'année suivante, le conflit se déplaçant sur un autre point du royaume, le prince de Condé abandonne quelques places et Coucy rentre ainsi sous l'obéissance royale. En février 1576, les seigneuries de Coucy et de Folembray sont données à Diane, fille d'Henri II, pour son mariage avec François, duc de Montmorency, la forteresse de Coucy est cependant exclue de la donation. Ce dernier prend en 1577, la tête de la ligue à Laon. Quant à Coucy, la place, sous le commandement du gouverneur Lameth, résiste avec succès aux Guises. Ce même Lameth réussit même un coup d'éclat en s'emparant du château de Presles-l'Evêque, près de Laon, ce qui gène considérablement les partisans de la ligue de Laon dans leurs mouvements.
Cependant, l'avènement d'Henri IV en 1589, embarrasse Lameth qui, pour ne pas devoir remettre la place entre des mains protestantes, se déclare pour la Ligue en février 1591 après s'être longuement fait prier. La conversion d'Henri de Navarre arrange les choses, et après l'édit de Nantes, promulgué le 4 juillet 1591, beaucoup de places se rendent au roI. Lameth lui-même, dès mars, promet Coucy au roi, mais ne le cède que le 1er mai contre 8.500 écus. Peu de temps après, Henri IV qui se trouvait à Folembray en compagnie de Gabrielle d'Estrées (alors Madame de Liancourt), enceinte, place celle-ci sous la protection du gouverneur de Coucy, chez qui elle accouche, alors qu'Henri IV était au siège de Laon. Elle donne le jour à César, duc de Vendôme, le 7 juin 1594. Depuis Coucy reste fidèle à Henri IV qui en apprécie le séjour et dont il fait reconstruire le beffroi en 1606.
Son assassinat en 1614 engendra la régence de Marie de Médicis qui se repose sur les conseils des Concini; ce qui ne vas pas sans provoquer le mécontentement des grands dirigés une fois de plus par Condé. Lequel occupe Coucy dont le gouverneur Charles de Lameth, fils du précédent, devait lui être acquis et s'en sert de base de ralliement.
L'assassinat de Concini, le Maréchal d' Ancre en 1617, met fin au complot. Le duc de Luynes, alors en faveur auprès du roi, reçoit le gouvernement de l' Ile-de-france avec celui de Soissons. Chauny et Coucy, que M. du Maine quittait. Il achète celui de la Fère à M. de Vendôme, il fait d'ailleurs visiter ces places à louis XIII qui lui retirera le gouvernement de Coucy, un an plus tard pour le céder à M. de Montbazon en échange d'autres places. La même année, Diane de France, apanagiste de Coucy, meurt. L'apanage est alors concédé à François, deuxième fils du duc d'Angoulême. Ce dernier meurt en 1622 sans postérité. Coucy revient à la couronne une fois de plus.
Par la suite, Coucy est à nouveau occupé par les troupes royales pour prévenir tout mouvement protestant. Louis XIII décède en 1643, Mazarin augmente aussitôt le nombre de garnisons, notamment à Coucy, qui est engagé par le roi à Charles de Longueval, moyennant plusieurs milliers de livres. La fronde éclate peu après mais les habitants de Coucy restent fidèles au roi à qui ils députent en 1619. le sieur Sacquespée, afin de lui exprimer leurs sentiments.
Une fois encore, le Prince de Condé reprend les hostilités contre l'ordre royal en 1651. Hébert. Commandant des ville et château de Coucy - lié aux mécontents - reçoit dans la ville des gens d'armes du duc de Longueville, beau-frère du Prince de Condé. Le cardinal, par crainte qu'Hébert ne livre la place à l'ennemi, le fait sommer par le maréchal d'Estrées - gouverneur de Laon -, de remettre son commandement à ce dernier. Ce à quoi Hébert répond: « Qu’ ayant reçu immédiatement du roi Louis XIII le commandement de la place de Coucy pour récompense de ses services, et l'ayant toujours fidèlement gardée, il ne croyait pas que sa majesté voulût l'en dépouiller et qu'à moins qu'il ne vit des ordres plus exprès, il était résolu de s'y maintenir, qu'enfin il ne s'y passerait rien sous ses ordres contre l'obéissance due au Roi"
La réaction du maréchal d'Estrées est immédiate: le 10 mai 1652, il met le siège devant Coucy, de
concert avec le sieur de Manicamp, qui vient le rejoindre avec quelques pièces de canons; la batterie est dressée devant la porte de Laon mais malgré la brèche qui est ouverte, les assiégés ne se retirent dans le château que le 19 mai. Le 21 mai, des négociations sont engagées et demeurent sans résultat: les habitants de Coucy dressent alors un procès verbal, par lequel il rejettent toute responsabilité sur Hébert. Le 22 mai, le duc de lorraine envoie 1.200 hommes et 800 chevaux au secours des assiégés, ce qui entraîne le repli immédiat de d'Estrées. C'est seulement le 28 mai qu'Hébert accepte de recevoir le duc de Lorraine dans la ville mais non dans le château. Lequel se retire avec ses troupes pour le Luxembourg le 17 juin. Alors que le Maire, nommé Scellier, renouvelle l'assurance de sa fidélité au roi, le maréchal envoie les régiments de Piémont et d'Ile-de-France, occuper la ville. Enfin, le 19 août 1652, le départ de Mazarin agrée à Hébert qui consent désormais à remettre Coucy au roi, en septembre. Aussitôt, les habitants de Coucy déposent une plainte au roi au sujet du tort que leur procurait la forteresse. Lequel, après avis du conseil d'état, ordonne que le château soit rasé, moyennant une contribution de 15.000 livres payée par les habitants qu'il donne à Hébert pour le récompenser de sa fidélité.
Clément Métezeau, fils du constructeur de la digue de la Rochelle, est chargé de la destruction du château, en vertu d'un ordre daté du 11 septembre 1652. Seules les voûtes du donjon et des quatre tours, une partie de la chemise, et les couvertures du bâtiment seront atteints, les fortifications de la ville également en partie, mais c'est le fait d'être désormais transformé en carrière qui abîmera le plus le Monument.
Deux ans plus tard, la guerre ayant repris en Flandre et en Picardie, les habitants de Coucy doivent fournir aux frais d'entretien, très lourds, des garnisons, et en particulier du régiment de Créqui, jusqu'en 1655. Pour pallier à cela, la maîtrise des Eaux et Forêts de Chauny est réunie à celle de Coucy qui en devient le siège jusqu'en 1689. Puis Coucy perd peu à peu ce qui lui restait de son prestige. Louis XIV en fait don (ainsi que de Folembray) à son frère; le duc d'Orléans pour augmenter son apanage. Coucy retourne ainsi à la famille d'Orléans qui y fonde peu après un Hôtel-Dieu.
La misère s'installe à Coucy : la révocation de l'édit de Nantes en 1685 amène la destruction du temple de Coucy-la-ville et l'émigration d'un grand nombre de familles protestantes. Le 18 septembre 1692, c'est au tour d'un tremblement de terre de secouer l'endroit; le donjon en gardera trois grandes fissures. Puis 1693 est une année de disette ce qui accroît la mortalité. En 1732, l'Hôtel-Dieu ne peut plus assurer le service qu'il doit aux malades. Aussi, Philippe d'Orléans lui fait-il allouer 3.500 livres à prendre sur les aides et gabelles par un acte du 6 octobre 1733, ainsi que les revenus de la madeleine du château.
Profitant de la générosité du duc d'Orléans, l'abbé de Nogent essaie de se soustraire à la cérémonie des rissoles que Louis d'Orléans, fils du précédent, maintient et qui subsistera jusqu'en 1790, date de la suppression des droits féodaux. Enfin, le prieuré de St Rémy est réuni à la cure de St Sauveur de Coucy en 1743 par lettre patente de louis XV et le baillage de la ville qui avait été réuni à celui de Soissons en 1758, est de nouveau rétabli à Coucy en 1780 à la suite des protestations des habitants.